Passage de François Fillon (Ministre des Affaires Sociales, du Travail et de la Solidarité) à l'émission 100 minutes pour convaincre, compte-rendu.



Le 29/04/03.


Compte rendu de l’émission 100 minutes pour convaincre : invité principal : François Fillon, ministre des affaires sociales.
Tout d’abord, le ministre a évoqué le problème du chômage : selon lui, le nombre de sans-emplois se stabiliserait en automne 2003 pour diminuer à partir de 2004 car :


1/ la guerre en Irak est terminée

2/ la crise qui touche les nouvelles technologies sera bientôt achevée

3/ le gouvernement est en train d’alléger les charges salariales


Mais le sujet sur les retraites fut vite évoqué : selon monsieur Fillon, il est urgent de faire de grandes réformes sur le régime des retraites car dans 2 ou 3 ans, la caisse des retraites connaîtra un grand déficit. De plus, depuis quelques années, 300000 personnes partent chaque année en retraite, il est donc urgent de réformer ce système totalement dépassé.

LA REFORME :

D’ici, 2008, il est prévu d’aligner la durée de cotisation du public à celle du privé : les personnes du privé devront comme celles du public cotiser 40 années. En 2012, la durée de cotisation sera de 41 ans, et en 2020 de 42 ans.

Sondages : parmi la population active, 70% des personnes sont favorables à l’alignement de la durée de cotisation entre le privé et le public, mais 28% sont opposés. Mais parmi les fonctionnaires, seulement 47% sont favorables à cet alignement et 52% y sont totalement contre. En effet, les fonctionnaires veulent en majorité conserver leurs avantages comme travailler moins longtemps que les personnes du privé. Comme par hasard, les régimes spéciaux seront maintenu pour les employés de la SNCF, d’EDF, … C’est vrai que ces gens n’ont déjà pas l’habitude de travailler (ce sont eux qui font le plus souvent la grève) alors l’Etat ne veut pas les fatiguer encore plus !


Les Pré-retraites


François Fillon a annoncé qu’il supprimait les pré-retraites, 33% des français sont d’accord avec le ministre sur ce point mais 60% d’entre eux ne veulent pas que l’on abroge la possibilité de partir avant 40 ans de cotisations.
Après plus d’une heure d’émission, le problème du chômage fut évoqué : les plus touchés sont les jeunes et ceux-ci ont souvent un emploi précaire (80% des jeunes sont embauchés en contrat à durée déterminé). François Fillon donne plusieurs explications au chômage qui touche notre pays (arguments libéraux) :



1/ Il y a trop de rigidité : il faut plus de flexibilité en matière de licenciement, de temps de travail, . . .


2/ La formation des personnes : le système actuel fonctionne mal


3/ L’orientation : on a dévalorisé les vrais métiers, faire un CAP ou un BEP est mal vu dans notre société.


Pour répondre à ces problèmes, le gouvernement actuel a déjà pris des mesures : mis en place de la loi qui permet aux entreprises de licencier le personnel plus facilement qu’auparavant, possibilité aux salariés de faire plus d’heures supplémentaires, emplois jeunes non renouvelés mais remplacés par des contrats jeunes et le CIVIS, 7 milliards d’euros de baisses de charges pour les entreprises à partir de juillet 2003. Bref ce sont toutes des mesures ultra-libérales que l’actuel gouvernement est en train de mettre en place : les salariés peuvent être jetés de l’entreprise plus facilement, moins de protection sociales (suppression de la CMU par exemple) au profit de la diminution des impôts pour les plus riches de France ! Car bien évidemment, la réduction de 5% chaque année de l’impôt sur le revenu ne peut se faire s’il y a 3% de croissance annuel ! Ce qui n’est pas le cas : en 2002 : 1% de croissance du PIB, en 2003 : 0,8% (prévision de l’OFCE). En clair, Raffarin a de la compassion pour les personnes virées à METALEUROP, . . . et de la générosité pour les gens payant l’impôt sur la fortune !

A la fin de l’émission, monsieur Fillon a expliqué sa prochaine réforme du RMI : le ministre veut instaurer le RMA (revenu minimum d’activité). Le principe est simple : l’entreprise embauche une personne. Le salaire du bénéficiaire du RMA recevra le RMI versé par l’Etat, et l’entreprise ajoutera le capital nécessaire pour arriver au SMIC. Mais un problème, non évoqué dans l ‘émission, existe : les entreprises risquent de virer le plus de ses salariés pour employer des personnes au chômage et ainsi profiter de cette main d’œuvre 50% moins chère !

Conclusion : le ministre s’en est plutôt bien sorti mais certaines de ces réformes libérales risquent de provoquer des mécontentements : un nouveau décembre 1995 ?

Vincent.